Comment le burn-out m'est tombé dessus et comment m'en remettre

Chef de produit pour l’industrie pharmaceutique, le méchant « burn-out » m’est tombé dessus un beau matin de septembre et Maman ça m’a fait bobo

J’ai été complètement déstabilisée de ne plus pouvoir travailler du jour au lendemain. La culpabilité de laisser en plan l’entreprise dans laquelle je bossais, mes collègues qui étaient déjà surchargées de travail, mes clients étrangers chez qui je devais me rendre dans les prochaines semaines… bref, dur d’accepter ce truc que l’on traduit en français par « épuisement professionnel », mais visiblement, ça semble moins grave si on le dit en anglais.

Un peu comme le « baby blues ». Comme le dit très justement Florence Foresti « Je sais pas qui c’est qui a inventé ce terme, mais c’est un peu faible comme mot le ‘blues’. Oh nan, t’as pas le blues quand tu viens d’accoucher nan, Johnny lui il a le blues. Toi tu fais une dépression post-partum, t’as envie de te pendre dans la douche, tout simplement. Mais c’est pas joli comme mot ‘dépression’, c’est caca, c’est moche, ça fait peur. Donc ils ont cherché un mot un peu plus vendeur, un peu plus marketing. C’est joli ‘baby blues’, c’est mignon, on a presque envie de l’avoir ! Wouuuh I got the bluuues ! »
Bon, moi je n’ai pas encore d’enfants donc pas encore eu le bonheur d’avoir l’envie de me pendre dans ma douche…

Retour à mon épuisement professionnel. Dur de réaliser que le corps criait à l’aide depuis des mois : des insomnies à répétition, un système digestif en vrac (si tu te poses des questions avant ta colo- ou ton endoscopie, demande-moi, je t’expliquerai tout le déroulement, t’inquiètes), un dos qui se bloquait au moindre effort, une perte d’appétit, une démotivation pour à peu près tout et une humeur massacrante.

Je ne remercierai jamais assez mon amoureux de m’avoir supportée chaque jour durant cette longue période.

Encore plus difficile d’admettre que c’est bel et bien le travail qui m’avait rendu dans cet état, moi qui avais toujours eu du mal à comprendre comment les gens pouvaient en arriver à des extrémités pareilles, voire jusqu’au suicide « juste à cause du boulot ». J’avais toujours considéré que la vie personnelle et la vie professionnelle constituent un équilibre et que le travail, seul, ne peut pas et ne doit pas amener une personne à être malade jusqu’à épuisement. Force était de constater que mes convictions volaient en éclats.

Je me suis donc soudainement retrouvée à la maison. Plus de retour au travail. Nous venions tout juste d’emménager à Annecy, je ne connaissais donc quasiment personne. Cependant, j’avais au moins un projet à mener à bien au quotidien puisqu’il fallait assurer la coordination des derniers travaux de l’appartement. Sans compter l’organisation de notre mariage prévu pour l’été ! J’ai pu me remettre à faire des to-do list à foison, pour les travaux, le mariage, les tâches ménagères avec un jour fixe pour les courses, des menus établis à la semaine, un jour pour le ménage, un autre pour les lessives etc. Une parfaite Bree Van de Kamp en somme ! Ce sentiment de contrôle me faisait du bien (Monica Geller, ça te parle ?), il y avait au moins ces aspects-là de ma vie qui ne foutaient pas le camp.

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Mon licenciement m’a été annoncé à Noël et cela s’est avéré un énorme soulagement

Le plus beau cadeau que l’on puisse me faire. Avoir la certitude de ne plus remettre les pieds au bureau m’a permis de me délester d’un poids.

Cela n’a pourtant pas suffi à ce que je me sente mieux. Les mois ne se sont pas passés en douceur, ah non mon ami, il a fallu en ch*** pour remonter la pente ! Je me refusais à prendre le traitement antidépresseur que la psychiatre me conseillait (à chaque foutue séance) et allais chercher de l’aide du côté de la naturopathie, des massages thérapeutiques et du Reiki grâce à mon amie Christelle et aussi auprès d’un hypnothérapeute.

Je m’efforçais au quotidien de mettre en pratique le fameux « lâcher prise » dont on nous rebat les oreilles et d’être beaucoup moins dans l’anticipation. Exercices très difficiles puisque me retrouver au chômage, sans savoir quand j’allais retourner travailler et encore moins où, est très anxiogène pour moi qui ai été élevée dans la sacrosainte valeur travail et avec le mantra suivant : « il faut faire de bonnes études pour avoir un bon travail pour bien gagner sa vie et s’acheter une belle maison ».

Je n’osais pas faire des rencontres à Annecy de peur d’avoir à répondre à cette question piège « Et tu fais quoi dans la vie ? ». « Oh bah moi je suis une sous-merde qui n’a pas tenu le choc de mon dernier job et qui a fini en arrêt maladie jusqu’à se faire virer. Et depuis, bah je suis au chômage ». Ce satané sentiment de honte me collait à la peau et il n’a toujours pas complètement disparu d’ailleurs. J’essaie de le travailler en mentionnant le burn-out, sans faire la grimace, à chaque fois que l’on me pose LA question fatidique lors d’une nouvelle rencontre.

Le côté positif de la 1ère année, puisqu’il faut bien en trouver un, c’est que l’on a pu se sentir bien chez nous, relativement vite et que l’on a ensuite vécu un super mariage qui a tout déchiré, en Bretagne (même qu’on était tout beaux vu qu’on mangeait relativement sainement avec mes menus à la semaine) !

Est alors arrivé le temps de la rentrée… et avec lui, l’angoisse de ne pas savoir quoi faire de ma vie professionnelle

L’automne n’est déjà pas ma saison préférée mais me retrouver au pied du mur à ne plus savoir quoi faire a été d’autant plus difficile à vivre ! Je passais alors beaucoup de temps au Bar Roux d’Heure que je venais tout juste de découvrir, en me réconfortant à grands renforts de thé et gâteaux. L’ambiance apaisante qui y règne me faisait et me fait toujours beaucoup de bien.

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Ces moments hors du temps chez Le Roux m’ont permis de prendre conscience que les postes que j’avais occupé depuis la fin de mes études n’avaient jamais eu de sens pour moi, que j’avais toujours ressenti ce décalage avec mon entourage et mes collègues, que ces boulots ne m’avaient pas apporté grand-chose sur le plan intellectuel comme sur le plan humain et que le manque de reconnaissance dans mon dernier job m’avait beaucoup affectée.

Tu noteras que j’ai un mal fou à utiliser le terme « métier » tant le sentiment de ne pas avoir exercé un métier digne de ce nom est fort chez moi.

En me gavant de pâtisseries du Roux, j’ai petit à petit pris conscience qu’au fond de moi, je ne souhaitais pas retourner en marketing et pas dans le secteur pharma.
Restait à savoir ce que je voulais faire à la place. Je ne ménage pas le suspense, à cette heure où tu me lis, je ne suis toujours pas au clair.

Ne parvenant pas à répondre à cette question, je détournais mon attention sur l’organisation du voyage de noces et m’intéressais en parallèle à l’accompagnement à la reconversion professionnelle. Notre choix s’était porté sur l’Afrique du Sud et mon dévolu s’était jeté sur Sylvaine Pascual d’Ithaque Coaching (après avor été une lectrice assidue de son blog depuis 2 ans !). J’ai entamé mon accompagnement à Noël, un an pile après mon licenciement et nous nous sommes envolés pour le plus beau des voyages à la fin janvier.

Après cette trêve « honey moon » de rêve, retour à la réalité ! Avec en toile de fond quelques secousses dans la sphère privée, les aléas de la vie auxquels nous sommes tous confrontés et qui nous font parfois mettre au second plan ce qui nous semblait prioritaire quelques jours plus tôt.

Toujours est-il qu’à compter de ma première séance de coaching, il m’aura fallu 3 mois pour admettre que le statut d’indépendant et/ou de créateur d’entreprise me titille mais que les blocages sont nombreux et que je dois m’y attaquer. Sans concept et sans idée, difficile toutefois de se projeter.

Je me suis donc informée au maximum sur la création d’entreprise en me rapprochant de la CCI. J’ai participé à différents ateliers, emmagasiné de l’info et j’ai décidé en parallèle d’être active sur les réseaux sociaux afin de crier sur les toits mon amour pour l’énergie particulière d’Annecy.

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Depuis que je suis sortie de ma grotte, j’ai la joie de rencontrer des personnes enrichissantes et inspirantes qui me rappellent qu’en réalité, tout est possible tant que l’on est prêt à tenter l’aventure

Sauf que visiblement, on n’a pas tous le même capital audace. A ma naissance, je pense qu’on a mis tous les points dans la fonctionnalité « angoisse » et qu’il en restait du coup très peu pour la caractéristique « assurance, intrépidité »…

J’ai encore à l’heure actuelle du mal à réaliser que se remettre d’un burn-out, c’est long. Et bien plus long que ce je m’étais figuré. Il y a aussi cette volonté utopique d’identifier le job parfait, dans lequel je me sentirais 100% épanouie et il y a cette peur, plus profonde, de revivre un épuisement professionnel. Je pense pourtant être au clair sur les aspects de ma personnalité qui ont « provoqué ma chute » et j’ai à cœur de ne pas reproduire les erreurs commises par le passé. Toutefois, savoir s’affirmer, exprimer clairement ce que l’on veut et ce que l’on ne veut pas sans imposer, établir et faire respecter ses limites sont autant de compétences qui nécessitent un apprentissage quasi quotidien à mon sens.

Ma satisfaction, en revanche, réside dans le fait que je parvienne progressivement à identifier ce qui me fait vibrer et ce dont j’ai besoin pour me sentir bien dans un job. J’ai donc quelques pistes à explorer mais encore une fois, la trouille a cette fâcheuse tendance à me rattraper et, étrangement, ma timidité s’y met aussi.

Alors, j’en prends l’engagement devant toi cher lecteur, je vais aller explorer ces métiers et univers qui me font envie avant d’affirmer que « nan… c’est pas pour moi ! »

Parce que ça, ça été ma spécialité. Avoir des idées de reconversion, mais avoir aussi dans la foulée environ 62 objections. Exemple, professeur des écoles : après tout, c’est le métier que je voulais exercer jusqu’à mes 16 ans, j’adore les enfants, je suis de nature patiente, pédagogue et j’ai à cœur de transmettre le savoir. Sauf que les conditions du concours et de l’affectation me révoltent, tout autant que la lourdeur et la rigidité de l’Education Nationale. Ok, next.

Ce dont je suis certaine à l’heure actuelle, c’est que j’adore :

  • faire des rencontres, échanger, découvrir, partager avec les autres, transmettre et enseigner
  • manger (et cuisiner aussi)
  • organiser des évènements, des expériences ou des voyages
  • écrire

Reste à savoir ce que je vais bien pouvoir faire de tout cela… Si tu as des idées de métiers ou concepts combinant tout cela, n’hésite pas une seconde, « fais péter » !